Ces dernières années, les droits de diffusion télévisuelle des compétitions de football n’ont cessé d’exploser. Cette inflation galopante a profondément transformé l’économie du ballon rond, gonflant les budgets des clubs et les salaires des joueurs. Explications sur ce business devenu colossal.
Sommaire
Des sommes de plus en plus astronomiques
Le football est incontestablement le sport-roi en matière d’audience télévisuelle. Ainsi, les chaînes se livrent une bataille sans merci pour acquérir les droits de retransmission des plus grandes compétitions, n’hésitant pas à mettre la main au portefeuille.
Rien qu’en France, les droits TV de la Ligue 1 sont passés de 673 millions d’euros par saison pour 2012-2016 à 1,153 milliard d’euros pour 2020-2024 avant que MédiaPro ne coule ! Une inflation de plus de 70% en moins de 10 ans. Même constat pour la prestigieuse Ligue des Champions dont les droits sont estimés à près de 370 millions d’euros annuels jusqu’en 2024, contre 240 millions sur la période précédente.
Des clubs dopés par les droits TV
Ces sommes colossales issues des droits télé reviennent en grande partie aux clubs participants. Elles composent même l’essentiel de leurs revenus. À titre d’exemple, les droits TV nationaux et internationaux représentaient 51% des revenus du Paris Saint-Germain en 2017-2018.
Grâce à cet argent, les clubs peuvent recruter les meilleurs joueurs et offrir des salaires mirobolants. Le Paris SG, soutenu financièrement par le Qatar, a ainsi investi 400 millions d’euros en 2017 pour s’offrir Neymar et Mbappé. De quoi largement dominer le championnat français, d’autant plus dopé par cet afflux d’argent télévisuel.
Des salaires de stars boostés
Bien entendu, les joueurs sont les premiers bénéficiaires de l’inflation des droits TV. Leurs salaires atteignent désormais des sommets. Ainsi Mbappé gagne près de 20 millions d’euros nets par an au PSG. Même constat en Premier League anglaise où la moyenne annuelle dépasse les 3,5 millions d’euros par joueur.
Grâce aux droits télé, les stars du ballon rond gagnent désormais bien mieux leur vie qu’avec leur seul talent footballistique. Une manne financière qui attise les convoitises, au risque de dénaturer l’esprit sportif. Le recentrage sur l’aspect business du football n’est pas sans danger.
Un creusement des inégalités
Ces sommes astronomiques issues des diffuseurs creusent les écarts entre les grands clubs des championnats majeurs et les autres formations, même professionnelles. Un club de Ligue 1 touche environ 25 à 30 millions d’euros par an de droits TV quand le Real Madrid ou le FC Barcelone encaissent près de 140 millions !
Les plus riches s’arrogent quasiment tous les trophées nationaux et continentaux, le fossé se creusant inexorablement. Le rêve de l’épopée en C1 s’amenuise pour de nombreux clubs moyens.
Vers une superleague européenne ?
Certains cadors européens comme le Real Madrid ou la Juventus Turin militent ouvertement pour la création d’une superleague européenne fermée, sur le modèle des ligues américaines NBA ou NFL. L’idée ? Rassembler les meilleurs clubs du continent pour créer une compétition ultra-premium destinée à générer des revenus colossaux.
Les promoteurs de ce projet avancent notamment l’argument des droits TV qui exploseraient avec une affiche de gala chaque journée. Reste à convaincre les instances footballistiques de l’UEFA, vent debout contre ce projet jugé élitiste. Affaire à suivre…
Le streaming, future menace des droits TV ?
Si les droits de diffusion télé ont explosé ces dernières années, l’émergence des plateformes de streaming pourrait rebattre les cartes. Rachat de droits par Amazon, essor des retransmissions illégales… Les géants du Web pourraient petit à petit grignoter le monopole des chaînes de télévision traditionnelles.
Surtout, le streaming par abonnement (Netflix) et les réseaux sociaux captent une part croissante du temps d’attention, notamment des jeunes générations. Les audiences TV tendent lentement à décliner. Le tout-puissant business des droits foot à la télé pourrait être amené à se réinventer. Affaire à suivre.
Conclusion
Grâce aux sommes astronomiques générées par les droits de diffusion, le football est devenu un business extrêmement lucratif pour les clubs, les joueurs et les agents. Mais ce modèle a aussi ses revers, creusant les inégalités et dénaturant parfois l’esprit du jeu. L’avenir dira si les logiques économiques et sportives parviendront à cohabiter sur le long terme.