Les chants de supporters font partie intégrante de l’ambiance unique des stades de football. Mais savez-vous que ces chants ont une histoire fascinante ? Entre tradition ouvrière, rivalités locales et influences musicales, ils reflètent l’évolution de la culture du ballon rond. Plongée dans les origines et l’évolution de ces hymnes footballistiques.
Sommaire
Des chants ouvriers du 19e siècle aux premiers stades
L’histoire des chants de supporters trouve ses racines dans l’Angleterre ouvrière du 19e siècle. Dans les pubs, les dockers entonnaient des chansons revendicatives pour souder leur communauté. Quand le football se structure en clubs professionnels à la fin du siècle, les supporters reprennent cet esprit de groupe dans les premiers grands stades, donnant naissance aux hymnes de tribunes.
Les chants deviennent alors un puissant vecteur d’identité locale. On soutient l’équipe de son quartier ou de sa ville face aux clubs des cités voisines, dans une Angleterre encore très marquée par les particularismes régionaux. Cette dimension communautaire est fondatrice des chants de supporters, vecteurs de fierté populaire.
Rivalités locales et caractère irrévérencieux
Très vite, les hymnes des fans adressent des piques aux adversaires et clubs rivaux pour les déstabiliser. Les Derby du nord de l’Angleterre entre Leeds, Manchester, Liverpool ou Newcastle donnent lieu à des joutes musicales entre supporters.
Le registre est souvent comique, grivois voire insultant. Il s’agit de provoquer l’adversaire, de marquer son territoire en se moquant de l’autre. Cet esprit impertinent, parfois violent, reste une constante des chants de tribunes, faisant partie de la culture populaire du football.
La dimension politique, de la lutte des classes au hooliganisme
Par leurs origines ouvrières, les chants de supporters ont aussi une forte connotation politique. Dans les années 1960-70, l’extrême gauche britannique infiltrera même les virages pour diffuser ses idées contestataires auprès de la classe populaire.
Mais dans les années 1980, une frange des supporters anglais glissera tragiquement vers le hooliganisme d’extrême-droite. Les chants deviennent alors parfois ouvertement racistes, notamment lors des matchs européens ou mondiaux. Heureusement, ces dérapages seront peu à peu éradiqués à partir des années 1990.
Standardisation et influences musicales
Avec la médiatisation croissante du football, les chants se standardisent et s’exportent d’un pays à l’autre à partir des années 1980. Aujourd’hui, on entendra sensiblement les mêmes hymnes dans un stade français, anglais ou italien.
Les influences musicales évoluent aussi. Le rhythm and blues des spindle donne naissance aux fameux « allez allez » entraînants. Le rap américain inspire de nouveaux chants revendicatifs. Certains clubs font même appel à des musiciens pour composer leur hymne officiel !
Un phénomène désormais mondialisé
Le Mondial 1986 au Mexique marque un tournant dans la diffusion planétaire des chants de stade, notamment le célèbre « olé olé olé » des supporters argentins. Désormais, on chantera à l’unisson de Buenos Aires à Séoul, de Lagos à Paris.
La culture ultra et ses chants colorés se répandent aussi hors d’Europe, notamment en Amérique du Sud. Partout, les différences culturelles s’estompent pour laisser place à une même ferveur et des hymnes similaires dans toutes les langues. Preuve de l’universalité du ballon rond.
Entre tradition et modernité
Si les chants restent un marqueur fort de l’identité des groupes de supporters, ils ne cessent aussi de se réinventer. Certains clubs font appel à des community managers pour animer les réseaux sociaux et créer de nouveaux hymnes viral.
Mais dans les virages, la tradition orale reste forte. On se transmet les chants de génération en génération. Mêlant nostalgie, autodérision et provocation, les hymnes de tribunes portent encore aujourd’hui toute la ferveur populaire du football. Alors, tous en choeur : allez allez allez !